ÉLOGE DE LA LENTEUR
L’archétype de la sagesse féminine nous invite à l’éloge de la lenteur, à la puissante immobilité, au magnétisme inné qui émane de l’intérieur vers l’extérieur.
À l’image de la nature, nous ne sommes pas faits pour être en perpétuel croissance. Nous avons besoin d’alterner avec des phases de décroissance: repos, non-action, silence, introspection.
Parfois, nous identifions à tort ces phases comme des moments inutiles, où nous sommes bloqués. Alors, nous paniquons : vite, à l’aide, une solution pour me remettre en mouvement!
Hors, il n’y a absolument aucun problème ! Bien au contraire, ces phases nous sont précieuses, salvatrices même. Nous en avons besoin pour reprendre notre souffle et restaurer notre pleine énergie.
Nous avons nous aussi nos hivers: ces moments ou notre terreau intérieur se repose, ou le sol travaille par lui-même sans que nous n’aillons rien à faire, ou les graines attendent patiemment leur heure pour germer:
Patience,
Confiance,
Présence.
Voilà les maitres mots.
Qui donc aurait idée de retourner la terre peu après avoir semé ses graines ? Un bien mauvais jardinier qui aurait oublié l’importance d’alterner entre action et non-action pour que ses plantes puissent pousser en temps voulu!
D’ailleurs, c’est ce que nous oublions quand nous nous risquons à vivre déconnectés de nos cycles.
Nous confondons alors mouvement et agitation, c’est-à-dire que nous expérimentons le mouvement compulsif, celui qui fatigue et se révèle infructueux car nous aspirons en fait à la non-action.
Voilà une leçon de sagesse à se rappeler quand les choses n’avancent pas aussi vite que l’on voudrait, que nous sommes soudainement épuisés ou que nous traversons un moment difficile.
L’HUMAIN A L’IMAGE DE LA NATURE
L’humain n’est pas séparé de la nature: il est un être cyclique lui aussi.
L’arbre ne se demande pas s’il est juste et bon de laisser tomber ses feuilles. Les feuilles tombent.La lune ne se demande pas s’il est juste et bon de moins illuminer le ciel. L’obscurité la recouvre.
La mer ne se demande pas s’il est juste et bon de faire d’incessants aller-retours sur le sable. Elle a ses marées.
Nous ne nous demandons pas s’il est juste et bon d’inspirer et d’expirer pour nous maintenir en vie. Nous respirons.
Alors, pourquoi l’humain se demande t’il s’il est juste et bon d’alterner entre action et non-action ? Entre contraction et expansion ? Entre lumière et obscurité ? Entre plein et vide ?
Parce que notre mental nous empêche de nous abandonner en toute confiance à l’instant présent, sans juger ce qui est.
Nous avons peur de rester coincé dans un état présent jugé insatisfaisant, alors nous cherchons à le changer au plus vite, dans l’espoir de trouver enfin le bonheur, ailleurs…
Et quand nous y parvenons, alors nous avons peur de perdre, et nous cherchons à figer les choses comme une rose morte sous une cloche de verre, réduite à l’état de trophée.
Comme s’il y avait quelque chose à gagner…
Nous fuyons inconsciemment dans le passé ou le futur, et nous nous privons ainsi de vivre l’instant présent.
Ce faisant, nous nous privons par la même occasion de faire taire la souffrance incessante de celui qui vit dans la peur de perdre ou de ne jamais avoir.
Alors, il est bon de se rappeler que nous sommes des êtres cycliques, par essence.
Se rappeler que la fin d’un cycle appelle le début d’un autre.
Que tout ce qui finit, commence.
Que quand nous perdons quelque chose, l’espace s’ouvre pour recevoir autre chose.
Eternellement.
N’ayons pas peur de « mourir à ce que nous sommes », car il ne peut en être autrement.
Quand nous acceptons cette réalité, nous acceptons également de « renaitre à ce que nous sommes », car il ne peut en être autrement.
Et si la forme change au gré de nos saisons intérieures, notre essence, elle, reste inchangée.
Nous avons simplement à cesser d’encombrer le chemin et nous laisser porter en confiance par ce qui est, là, tout de suite, maintenant.